Transferts intracommunautaires de marchandises
Patrick Gordinne Perez2024-06-24T04:51:35+00:00Les transferts intracommunautaires de marchandises ou les ventes en consignation sont liés à la libre circulation des biens et des services au sein de l’Union européenne. Nous expliquons ce concept plus en détail.
Transferts intracommunautaires de marchandises : définition
Un transfert intracommunautaire est, par essence, un transfert de biens ou de services au sein d’une même entreprise de l’UE ou entre filiales. Pour qu’il soit considéré comme un transfert, et non comme une vente et un achat traditionnels, deux conditions doivent être remplies :
- Les transactions doivent avoir lieu dans l’Union européenne, à la fois au lieu d’expédition et au lieu de destination. En d’autres termes, il s’agit d’une transaction entre une ou deux entreprises domiciliées ou ayant une filiale dans l’Union européenne.
- Ces transactions se font entre entreprises, jamais vers le consommateur final. Si tel était le cas, il s’agirait d’une vente et d’un achat normaux. Il ne s’agit pas d’éviter les taxes, mais d’en accélérer le paiement.
Il est important de faire la différence entre le transfert et l’acquisition, car dans ce dernier cas, les entreprises sont différentes. Dans un contexte d’entreprises opérant sur plusieurs sites de commercialisation ou de production, cette situation est plus fréquente. Il n’est donc pas rare de rencontrer de telles circonstances.
Le résultat pratique du transfert est que celui-ci s’effectue sans TVA. Pourquoi ? Parce que, par la suite, l’entreprise qui reçoit le bien régularisera ce montant auprès de l’administration fiscale de son État.
Rappelons que les taux généraux de TVA varient entre 17% et 27%, selon les pays, et que cela entraînerait des dysfonctionnements. Elle ne peut être récupérée ici, car elle est simplement différée.
Quelles sont les conditions requises pour effectuer ou recevoir des transferts intracommunautaires ?
Les conditions à remplir pour effectuer ou recevoir des transferts intracommunautaires sont les suivantes :
- Exercice d’une activité économique : dans ce type de transfert, une activité économique est exercée. Ce point est essentiel car, dans ce cas, la TVA sera due dans certains cas. Il ne s’agit donc pas d’une opération sans but lucratif, mais d’une opération onéreuse.
- Disposer de l’enregistrement d’opérateur intracommunautaire (ROI) : le ROI, qui permet d’opérer avec des entreprises de l’Union européenne, est obtenu à la demande d’une partie. Il doit donc être demandé à l’avance.
- L’acheteur doit régler la TVA auprès de son bureau des impôts, selon le pourcentage qui lui correspond dans son pays. Le non-respect de cette obligation peut entraîner une sanction administrative.
- Il est nécessaire de disposer de la documentation : bons de livraison, virements, factures le cas échéant… En tout cas, elle doit être à la disposition de l’administration. Et surtout, les informations sur les mouvements doivent être enregistrées dans les livres officiels.
- Enfin, vous devez disposer des informations des deux entreprises, avec leur identification correspondante. Vous disposerez ainsi de tous les éléments nécessaires pour effectuer toutes les démarches avec des garanties.
Tous ces éléments sont donc nécessaires pour pouvoir travailler avec cette figure juridique. S’il manque un élément, le transfert ne sera pas possible.
Le transfert intracommunautaire équivaut à une vente de consignation
Vente en consignation
Transferts intracommunautaires jusqu’en 2020
Jusqu’en 2020, si votre entreprise s’envoie des marchandises d’un pays de l’Union européenne (UE) à un autre en conservant la propriété des marchandises (c’est-à-dire en effectuant ce que l’on appelle un « transfert de marchandises »), vous devez agir de la manière suivante :
- Il devait déclarer une livraison intracommunautaire en Espagne, exonérée de TVA.
- Et une acquisition intracommunautaire dans le pays auquel les biens sont destinés, la TVA applicable étant autodéduite dans ce pays.
- La vente ultérieure au client final est considérée comme une vente interne dans ce territoire.
Transferts intracommunautaires à partir de 2020
Si le but de ces transferts est une « vente en consignation » (c’est-à-dire si les biens sont envoyés pour être stockés dans un entrepôt et vendus à une date ultérieure), il est prévu que ces transactions soient traitées différemment :
- Pour ces expéditions à l’étranger, vous ne devrez rien déclarer dans vos déclarations périodiques de TVA, ni émettre de factures.
- Au moment où le client achète les marchandises, votre entreprise devra déclarer une livraison intracommunautaire.
- Dans le même temps, votre client doit déclarer une acquisition intracommunautaire.
Exigences relatives à la vente en consignation
Si ces envois ont pour objet une « vente en consignation » ou un transfert intracommunautaire (c’est-à-dire si les marchandises sont stockées dans un entrepôt et vendues ultérieurement), les opérations sont traitées différemment :
- Pour l’expédition à l’étranger, l’entreprise espagnole ne doit rien déclarer dans ses déclarations périodiques de TVA et ne doit pas émettre de facture.
- Lorsque le client de l’UE acquiert les biens, l’entreprise vendeuse doit déclarer une livraison intracommunautaire.
- Et c’est également au même moment que l’acquéreur, pour sa part, doit déclarer une acquisition intracommunautaire.
Toutefois, pour que cela soit applicable, certaines conditions doivent être remplies :
- La vente doit avoir lieu dans les douze mois suivant l’expédition des marchandises.
- Votre entreprise n’a pas de siège ou d’établissement permanent dans le pays de destination. Si votre entreprise ne dispose que d’un entrepôt et que les ventes sont effectuées à partir de l’Espagne, cette condition est remplie.
- Et qu’il existe un accord préalable de vente en consignation entre votre entreprise et le client. Ce ne sera pas le cas si vous envoyez les marchandises sans savoir à l’avance qui les achètera.
Autres formalités de la vente en consignation
Par ailleurs, à partir de 2020, vous devrez inclure ces envois dans la déclaration des opérations intracommunautaires (formulaire 349) et dans le registre des opérations intracommunautaires (la réalisation via le SII a été repoussée à 2021). Si votre entreprise ne respecte pas ces exigences formelles ou l’une d’entre elles, vous devrez traiter les expéditions comme un transfert normal de marchandises.
Grand livre des fournitures intracommunautaires
Éviter la confusion avec les fournitures intracommunautaires
Ne pas confondre :
Les fournitures et acquisitions intracommunautaires ordinaires sont enregistrées dans le livre des factures émises et reçues.
Seules ces opérations sont reprises dans le registre des opérations intracommunautaires :
- L’expédition ou la réception de biens pour la réalisation d’expertises ou de travaux effectués sur des biens meubles corporels.
- Le transfert de biens d’une même entreprise d’un pays de l’UE à un autre.
- Et à partir de 2020, les expéditions de marchandises vers d’autres pays dans le cadre de ventes en consignation.
- Pour qu’il y ait vente en consignation, il faut notamment qu’il y ait un accord préalable de vente en consignation avec le client et que la vente ait lieu dans les 12 mois suivant l’expédition à l’étranger.