Dérivation de la dette de la sécurité sociale envers l’administrateur
Patrick2024-04-05T06:23:20+00:00Responsabilité du directeur de la société anonyme
Si une entreprise ne paie pas les cotisations de sécurité sociale de ses employés, elle est responsable du paiement. Cependant, il arrive que les administrateurs soient solidairement responsables et que les autorités de sécurité sociale leur réclament la dette.
Pour réclamer la dette à l’administrateur, la Trésorerie générale de la sécurité sociale (TGSS) peut demander à l’inspection du travail de vérifier si l’administrateur peut être déclaré solidairement responsable.
Dans d’autres cas, l’Inspection du travail agit de sa propre initiative et finit par conclure que le gestionnaire est solidairement responsable.
Dérivation de la dette de sécurité sociale par dissolution SL
Dissolution légale
La loi sur les sociétés de capitaux définit les circonstances dans lesquelles une société doit être dissoute.
Par exemple :
- Par cessation de l’activité qui constitue l’objet social de la société (la cessation s’entend après une période d’inactivité de plus d’un an).
- Par les pertes qui réduisent l’actif net à moins de la moitié du capital social, à moins que ce dernier ne soit suffisamment augmenté ou réduit.
- Pour toute autre cause prévue par les statuts.
Lorsqu’une société est liquidée, l’administrateur a deux mois pour convoquer une assemblée générale afin d’adopter la résolution de dissolution ou les résolutions nécessaires pour remédier à la situation (par exemple, une augmentation de capital).
- S’il le fait, il ne sera pas responsable des dettes de la société.
- Toutefois, si l’assemblée n’est pas convoquée ou est convoquée hors délai, il est solidairement responsable des dettes postérieures à la cause de dissolution, y compris les dettes de sécurité sociale.
Les administrateurs ne sont pas tenus de convoquer l’assemblée générale pour adopter la résolution de dissolution lorsqu’ils ont demandé l’ouverture d’une procédure d’insolvabilité ou qu’ils ont notifié au tribunal des négociations avec les créanciers en vue de restructurer l’actif, le passif ou les deux.
Dissolution due à des pertes
Pour que l’Inspection de la sécurité sociale puisse renvoyer les dettes de l’entreprise à l’administrateur, elle doit vérifier :
- l’existence d’une cause légale de dissolution. Le cas le plus fréquent est celui d’une société dont les pertes réduisent la valeur nette à moins de la moitié du capital social.
- La vérification de cette cause est simple : il suffit à l’Inspection de demander les comptes annuels ou la déclaration d’impôt sur les sociétés et de vérifier ces pertes.
- Que l’entreprise a des dettes envers la sécurité sociale qui ne sont pas prescrites.
- Elle doit également vérifier qui sont les administrateurs depuis la survenance de la cause de dissolution. Pour ce faire, il faut demander les actes de constitution et les actes de cessation et de nomination des administrateurs, ainsi que les statuts de la société.
Si l’entreprise ne dépose pas les comptes annuels au registre du commerce ou la déclaration d’impôt sur les sociétés, l’inspecteur peut prouver l’insuffisance d’actifs de l’entreprise par d’autres preuves (par exemple, les dettes de la sécurité sociale).
Rappelons que la valeur nette correspond à l’argent initialement apporté par les actionnaires à la société, plus les résultats de la société (bénéfices ou pertes). D’autres éléments, tels que les subventions, sont également inclus.
Exemple de dissolution :
Une société clôture l’exercice 2022 avec un actif net de -6.000 euros et un capital social de 3.000 euros.
Si elle a des dettes envers la Sécurité sociale et que l’administrateur n’a pas convoqué l’assemblée pour adopter la résolution de dissolution de la société ou d’augmentation du capital, l’administrateur sera solidairement responsable des dettes de la Sécurité sociale générées à partir du 1er janvier 2023 (l’actif net est inférieur à la moitié du capital social).
Comment éviter la dérivation de la dette sociale du chef d'entreprise ?
Délai de deux mois pour la convocation de l’assemblée générale
Quand commence le délai de convocation de l’assemblée ?
Comme indiqué ci-dessus, la loi accorde à l’administrateur un délai de deux mois pour convoquer l’assemblée en vue de l’adoption de la résolution de dissolution ou des résolutions nécessaires pour remédier à la situation.
Le délai de deux mois commence à courir à partir de la date d’établissement des comptes annuels, date à laquelle l’administrateur peut avoir connaissance de la cause de dissolution de la société.
Exemple de convocation
Si une société clôture son exercice le 31 décembre (cas le plus fréquent), la date limite d’établissement des comptes annuels est fixée au 31 mars (trois mois à compter de la clôture de l’exercice).
Par conséquent :
- Si les comptes sont formulés le 31 mars, l’administrateur a jusqu’au 31 mai (deux mois) pour convoquer l’assemblée générale. S’il ne le fait pas, il sera redevable des dettes de sécurité sociale accumulées depuis le 1er janvier.
- Si les comptes sont établis plus tôt, par exemple le 20 mars, le délai de deux mois se termine le 20 mai.
Après la date limite.
Si l’administrateur convoque l’assemblée mais le fait après l’expiration du délai de deux mois, il sera tout de même déclaré responsable de la dette, mais cette responsabilité sera limitée au moment où il a convoqué l’assemblée.
Dérivation de la dette de l'administrateur
Depuis janvier
Contributions à verser en février
Comme indiqué ci-dessus, les dettes de sécurité sociale dues à l’administrateur sont celles qui courent à partir du moment où survient la cause de la dissolution.
La cause de dissolution étant survenue le 1er janvier, l’administrateur est redevable des dettes nées à partir de cette date.
Exemple de responsabilité d’un administrateur de société
Une société doit 7.500 euros, correspondant aux cotisations de décembre (2.500 euros versés en janvier), janvier (2.500 euros versés en février) et février (2.500 euros versés en mars).
En revanche, l’administrateur ne sera responsable que d’une dette de 5 000 euros, correspondant aux cotisations de janvier et de février. Bien que les cotisations de décembre soient payées en janvier, cette dette concerne en réalité le mois de décembre.
Dans le régime général, le délai légal de paiement se termine le dernier jour du mois suivant le mois au cours duquel les cotisations ont été versées.
Montant et prescription de la responsabilité d’un dirigeant d’entreprise
La totalité de la dette
Dans ces cas (lorsqu’il s’agit d’une responsabilité solidaire), la dette envers l’administrateur comprend le principal (les versements dus), les majorations, les intérêts et les frais.
Toutefois, l’administrateur n’est pas solidairement responsable du paiement des pénalités, même s’il s’agit d’une amende imposée par l’Inspection de la sécurité sociale.
Le gestionnaire n’est responsable des majorations de prestations résultant d’accidents du travail et de maladies professionnelles que si l’INSS déclare qu’elles ont été causées par un manque de mesures de sécurité sur le lieu de travail.
Quatre ans de responsabilité du gestionnaire
La créance de l’administrateur est celle qui n’est pas prescrite. Les dettes relatives aux cotisations de sécurité sociale se prescrivent par quatre ans.
Toutefois, dans la pratique, la période de réclamation peut être plus longue que quatre ans.
En particulier :
Le délai de prescription est interrompu par toute action de la TGSS ou de l’inspection du travail conduisant à la réclamation de la dette.
Par conséquent, si la TGSS a réclamé une dette il y a cinq ans, le délai de prescription pour cette dette aura été interrompu et l’administrateur pourra toujours être réclamé (même si plus de quatre ans se sont écoulés).
Dans ce cas, le délai de prescription de l’action contre l’administrateur, qui est de quatre ans, s’applique également.
En d’autres termes, l’action contre l’administrateur se termine quatre ans après la cessation de ses fonctions.
Il est fréquent que le Trésor ou l’Inspection réclame les dettes de la sécurité sociale solidairement à l’administrateur lorsque celui-ci n’a pas respecté son obligation de convoquer une assemblée pour dissoudre la société.